vendredi 20 juillet 2012

Révocation des édits sarkoziens


Folie fiscale, titrait l'édito du Figaro d'hier. Le détricottage du paysage fiscal sarkozien prend des allures de révocation de l'Edit de Nantes. S'opposent deux éclairages de la situation des assiettes, l'une statique, dénombrant les avantages indus et les aubaines créées au détriment du Trésor, l'autre dynamique, anticipant les effets. Au contraire de Louis XIV ignorant les possibilités d'exode de compétences essentielles pour le pays, les socialistes d'aujourd'hui, s'ils préjugent de l'exil fiscal de certains fortunés-traîtres, ne sauraient s'en émouvoir, persuadés qu'ils sont d'être capables de remplacer n'importe quel talent disparu sur le marché. Voir ce gentil couillon de M. Montebourg donner des cours du soir au PDG X-Mines de Peugeot-Citroën est d'un ridicule rare, mais laisser accéder aux manettes du parti des mutilés de la comprenette comme Harlem Désir ou Benoît Hamon en dit long sur les prétentions socialistes.


Qui part ? Tous, n'importe qui, et ce n'est pas de ce matin. Du beur entreprenant au geek génial, et même des exonérés ! Je vous en présente quatre, que je connais personnellement et dont j'ai changé les noms. S'étant forcée à se lever matin, Sherazade avait cajolé le projet d'une compagnie de voitures familiales de location. Elle avait fait de la mécanique au collège et, un peu garçon manqué, les caisses étaient sa vie. Si elle pouvait acquérir sans peine des véhicules âgés qu'elle rafraîchissait dans le garage de ses frères, on lui fit vite savoir à la banque qu'elle sécherait sur pied à attendre debout les crédits nécessaires à investir dans deux ou trois voitures neuves, aussi bon que fut son business plan, et sans aucun accroc dans son historique bancaire. Sur les conseils d'un cousin, elle ne changea pas son fusil d'épaule d'autant qu'elle accumulait une expérience de la filière locative, elle changea le volant de côté. L'Eurostar, et une banque anglaise lui acheta sa première voiture neuve, puis six mois plus tard la deuxième et tous les six mois une nouvelle. Elle a une petite compagnie florissante en périphérie de Londres et les J.O. lui feront du bien.


Alex est différent. Licence de mathématiques, il faisait le pion à Louis-le-Grand en cherchant un job. Un peu défavorisé par la nature qui lui avait offert un physique de gnome, il comprit vite qu'il était de ceux à qui "l'on écrira". Est-ce en corélation avec son désavantage morphologique, il répondit à une annonce de la Hong Kong & Shanghai Banking Corp. de Londres qui cherchait des crânes pour le back-office. Il gagna 300.000 livres la première année et dès la deuxième les bonus s'envolèrent. Mais c'est plus de 60 heures pleines, me dit-il dans son appartement de 150m2 à Canary Wharf. Le siège le propulsa ensuite à Madrid pour monter un back-office derrière sa nouvelle salle de marchés ; cinq ans plus tard il est au siège historique de Hong Kong, attendant la croqueuse de diamants qui ne verra que son fric. Il ne PEUT plus revenir en France, il est devenu riche à la sueur de son front, ce con !


Valentin est le cas du jour. De Samatan dans le Gers, il a acquis une connaissance approfondie de l'armagnac. Supérieur au cognac en tout, l'eau de vie d'Armagnac fut stabilisée par les Huguenots au XVII° siècle, c'est sa religion. Celle de Valentin aussi. Il a monté un bureau d'exportation de cet alcool de ducs et court les expositions gastronomiques à l'étranger parce qu'en plus, il parle quatre langues. Et il en vend, il en vend beaucoup.
Jusqu'au jour où la confiscation fiscale lui deviendra insupportable autant que les tracasseries administratives incessantes qui mangent du temps mieux employé ailleurs. Prendre l'avion chaque semaine pour financer l'AME et les grévistes, c'est beaucoup demander. Imitant ses lointains ancêtres, en trois cartons et deux ordinateurs, il a installé hier son nouveau bureau à Scheveningen, face à la mer. Tchao les beaufs, l'armagnac XO peut se vendre partout de partout, en restant un patriote "éclairé".


Denise et Robert sont un exemple plus ancien. Petits cadres moyens, elle, dans un compagnie de chemins de fer qui fait souvent la une du Parisien, lui, licencié sec pour "mauvais esprit" chez un fabricant d'automobiles perturbé ces temps-ci par le Redressement productif, ils ont carrément émigré. Leur fille étant devenue autonome, ils cherchèrent un nid pour leur retraite, mais entre le coût de l'immobilier en acquisition, taxe foncière et entretien, le crédit et la cherté de la vie parisienne, ils surent vite qu'il leur fallait innover. Tuant le temps à la porte de Versailles dans une foire d'opportunités exotiques, ils se laissèrent convaincre de partir à Marrakech. Un riad à retaper plus loin, éblouis par la gentillesse de leur environnement, ils sont revenus me dire au bout de deux ans qu'ils y mourraient sans doute, puisqu'ils ne voyaient pas d'avantages décisifs en métropole. Ils se sont mis à l'arabe par convivialité et n'ont plus besoin de voiture. La voracité annoncée du fisc français les laisse de marbre.






Quatre portraits auxquels s'ajouteraient tous mes amis à six mois qui vivent à l'étranger par goût ou par intérêt et que le pouvoir menace désormais de taxer sur l'ensemble de leurs revenus d'où qu'ils procèdent. Ceux-là liquideront leurs positions professionnelles en France et émigreront pour ne plus revenir. Leurs gosses poussent déjà leurs études au Canada, aux Etats-Unis et même en Australie, et me parlent anglais au petit-déjeûner.
Le mouvement n'est pas récent et les candidats au départ bénéficient de l'expérience de ceux qui les ont précédés. Nul doute que la situation morose du pays, promis à une récession à la japonaise doublée d'une chasse aux "petits riches" par un Etat banqueroutier irréformable, va précipiter l'exode de ceux qui "en ont", comme aurait dit Georges Frêche. On trouvera plus tard des patronymes à consonnance française dans les coins les plus reculés de la planète en se demandant comment ils ont pu atterrir si loin. Des Huguenots encore. Normal quoi !

1 commentaire:

  1. Dans Le Figaro de ce matin, Isabelle Chaperon avoue nous lire. Si ça nourrit sa réflexion pourquoi pas ? Mais qu'on ne nous assigne pas ensuite pour voyance non déclarée à l'IRPP :)
    Sa question posée au président de VH Villin Conseil à la page 22 : Certains évoquent une "révocation de l'Edit de Nantes", n'est-ce pas un peu fort ?
    Et M. Vallin de répondre : Non !... de Nantes à Montaigu...
    Merci.

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