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Macron, un an !




Les factieux déclarés de La France insoumise affublent le président de la Vè République Macron d'une posture monarchique, à tort et à raison, mais c'est mal connaître le principe royal que de faire cet amalgame. A tort, puisque le président est littéralement créé par la Loi du Nombre d'une élection sans filtres, la plus toxique ; à raison, parce que depuis le début et "l'absence du roi", le candidat puis le président n'ont cessé de traîner à leurs basques l'ombre tutélaire du second corps du roi. Il y parviendrait presque en se départant du gouvernement des détails dans lesquels se sont noyés ses prédécesseurs, et particulièrement Nicolas Sarkozy qui restera dans l'histoire un grand débiteur de la nation pour ses frasques nationales et internationales : « orgueil, improvisation, diplomatie accaparée par les soupentes élyséennes, prix du gaz, programmes scolaires, retraites, chasse aux Roms, compassion électoraliste, suivi personnel de certaines affaires de droit commun touchant des amis, mise en accusation des juges petits pois, valse des préfets, grossièreté instinctive, confidences sur les films de Dreyer (?!)» (la liste des "détails" est de Jean Guiloineau). A l'évidence, Sarkozy l'énervé n'était pas roi. Macron serait un meilleur candidat s'il ne traînait pas le boulet d'être élu à la plus forte minorité, ce qui est contre-indiqué pour commander la levée en masse. Voir le billet récent sur Edwy Plenel.

Si le roi par principe est au-dessus de la mêlée, le président par construction est en mêlée. Mais Macron a ceci de particulier, qu'il ne s'est pas appuyé sur un parti parlementaire existant duquel il aurait fait évoluer les codes à son bénéfice comme Mitterrand à la SFIO, mais qu'il a créé un véritable mouvement de fond pour le porter à l'Elysée sans avoir à récompenser les caciques de la prébende institutionnelle. Sachant que la Constitution l'y obligeait, le parti fut créé ex-nihilo pour les élections législatives dans le sillage de la victoire, profitant à plein de la loi Jospin d'inversion du calendrier. Et la République en Marche passa sur le ventre de tous. La manœuvre était audacieuse mais limpide dans son exécution ; elle a plu !

Macron donne effectivement l'illusion monarchique, plus proche peut-être du modèle napoléonien, mais il y a loin de la coupe aux lèvres, sauf à boire la ciguë si d'aventure la révolte anéantissait la réforme comme s'y attèlent par l'agitation permanente les partis révolutionnaires (LFI comprise qui appelle une VI° République). Qu'en pense la nation ?


Au seuil de sa deuxième année, Emmanuel Macron est à 50% de popularité dans l'opinion. Le journal Libération a fait une petite étude là-dessus (clic). Le centre de gravité de l'acquiescement s'est déporté vers la droite, ce qui ne fait pas les affaires des nouveaux Républicains, déjà passablement étrillés aux législatives et entamés sur leur propre droite par des partis intransigeants comme le Front national ou Debout la France. Ce parti sans doctrine (ce n'est qu'une écurie de campagne électorale) peut se casser en trois morceaux, une partie se ralliant au gouvernement Philippe-Lemaire-Darmanin, une partie entrant dans un mouvement de droite dure à créer (certains attendent Marion Maréchal Le Pen), le reste devenant le canal historique étroit d'une tradition obsolète qui n'a pas su convaincre.
C'est la déception de la gauche du mouvement d'opinion macronien qui est surprenante et souligne la stupidité des électeurs : comment l'initiateur des réformes emblématiques du Code du Travail sous le quinquennat de François Hollande pouvait-il entendre les positions socialistes de défense des avantages acquis anciens et dépassés par le monde qui court ? D'ailleurs on conviendra que les syndicats professionnels se retrouvent largués en rase campagne par les partis politiques à l'exception du petit groupe d'insoumis qui crie plus fort que ses effectifs ne l'y autorisent. Le travail de conception et de législateur est dès lors assuré par le brain-trust des syndicats réformistes comme la CFDT et l'UNSA (SNCF) qui ce faisant, se valorisent aux yeux de leurs mandants, quand d'autres se ridiculisent dans leurs crispations d'un autre siècle.

Si les réformes passent (retraite universelle et formation professionnelle surtout), la méthode Macron aura dynamité la physique sociale de ce vieux pays arcbouté sur des conquêtes sociales devenues insoutenables dans l'état des finances publiques et paritaires. Par contre, il est à prévoir que la dynamique internationale s'épuise, la France n'étant pas au rendez-vous de l'Europe sérieuse dans ses comptes publics, et ne pouvant de ce fait démultiplier un regain de puissance à travers elle. On reviendra à l'empreinte très classique de la France en Afrique et au Proche Orient, deux croix lourdes et dispendieuses, sans bénéfice autre que la gloire fanée d'un empire disparu.

Je ne crois pas m'avancer beaucoup en disant que Macron a mangé cette année son pain blanc, mais qu'il reste le meilleur représentant du pays à l'extérieur, c'est en dire long sur les autres !


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